Vendredi matin, revenant du marché et rencontrant Sylvie, nous avons découvert un énorme papillon accroché au dessus de sa porte, juste sous le lampadaire, ayant bien du mal à résister aux coups de vent !
Sylvie l’ayant tout de suite reconnu comme le grand paon de nuit, commence à nous raconter ce papillon. Je propose de prendre des photos mais le temps qu’elle cherche son appareil, un oiseau s’attaque à notre papillon !
Décision est prise de le « sauver ». Escaladant une chaise, Sylvie l’attrape et le camoufle entre ses mains pour aller le déposer dans un arbre de Huche Grolle !
Elle nous raconte que c’est le plus grand papillon d’Europe, qu’il ne vit pas très longtemps, n’est pas protégé, que sa chenille est énorme, vert pomme avec des poils bleus…
En vrac :
Saturnia pyri, de son nom latin, est en effet le plus grand papillon d’Europe. L’envergure du mâle se situe entre 10 et 20 cm.
Ce papillon de nuit est présent partout en France, dans l’ouest et le sud de l’Europe jusqu’au Moyen-Orient, en Arménie et en Afrique du Nord. Il apprécie les bois clairs, les broussailles et les vergers jusqu’à 2 000 m, souvent à proximité des habitations.
Il semble en forte régression et une enquête sur sa répartition actuelle est en cours à l’initiative de Tela Insecta. (https://www.tela-insecta.net)
Il doit son nom à des cercles de couleur, les ocelles (2500 pores chacune), rappelant l’ornementation des plumes de la queue des paons, posés sur ses quatre ailes.
Saturnia pyri relève de la famille des Saturniidae, représentée en France par 5 espèces, dont une protégée (Graellsia isabellae, ou « Isabelle »), et une autre d’origine asiatique, introduite au XIXème siècle (Samia cynthia, ou Bombyx de l’ailante).
Le Grand Paon a une particularité : ce papillon extraordinaire ne vit malheureusement en moyenne qu’une semaine faute de se nourrir car il ne possède pas de trompe, comme beaucoup d’espèces nocturnes. Cette courte période est entièrement consacrée à la reproduction et les vols de nuit à l’accouplement.
Le mâle est muni d‘antennes olfactives très développées (chacune comporte 200 cils, d’un dixième de millimètre de long) qui lui permettent de localiser les femelles jusqu’à plusieurs kilomètres. Sous le vent ou contre le vent, il remonte les messages parfumés (phéromones) diffusés par la femelle, qui en revanche ne porte que des antennes
atrophiées, mais possède un abdomen arrondi par le volume des œufs s’y trouvant.
L’accouplement s’effectue d’ailleurs en ce moment (avril-mai). Le Grand paon n’a qu’une génération annuelle (univoltin). Après la ponte, la naissance se fait au bout d’un mois !
Sa chenille se nourrit d’aubépine, prunellier, prunier, cerisier, abricotier, frêne…
Cette dernière est spectaculaire, sa très grande taille, ses couleurs et de longues soies noires émergeant de petites protubérances bleu turquoise permettent de la reconnaître facilement.
Elle construit une chrysalide à l’intersection de branches d’arbres ou au bas des troncs à l’aide d’une soie ressemblant à du crin, très solide, légère et imperméable.
Elle passe énormément de temps «en transformation» dans son cocon et l’émergence a lieu généralement l’année qui suit, (parfois l’éclosion d’une même « portée » est répartie sur 3 ans ) ! La naissance des papillons a lieu au printemps, ce qui explique que ces derniers soient visibles en ce moment, ainsi que les chenilles !
Sources :
https://fr.widipedia.org/wiki/Tela_Insecta
https://www.insectes-net.fr/paon/paon2.htm (pour tout savoir avec des photos superbes !)
http://www.baladesentomologiques.com/article-grand-paon-de-nuit-saturnia-pyri-visiteur-de-la-nuit-122468395.html
Pensez, à voir ou revoir le magnifique film « Le Papillon » de Philippe Muyl avec Michel Serrault et Claire Bouanich sorti en 2002, dont l’Isabelle, mais pas le Grand Paon de Nuit est prétexte à l’affection entre un vieux monsieur et une petite fille.