… parlons cloches !
Oui, oui les cloches des églises, puisque c’est dimanche.
Mais les cloches étasuniennes car…
… Il y a 400 ans, en août 1619, le 25 date choisie, une vingtaine de personnes africaines, noires, descendait d’un navire anglais. Cela se passait à « Point Comfort », aujourd’hui plage de la ville balnéaire de Hampton en Virginie. Ces personnes allaient servir comme domestiques dans des familles anglaises des nouvelles colonies britanniques (pas encore les USA).
Aujourd’hui, un simple panneau fait face à l’Océan Atlantique et annonce : « C’est ici que la première arrivée documentée d’Africains en Virginie a eu lieu en août 1619 à bord du White Lion, un navire corsaire anglais basé aux Pays-Bas ».
John Rolfe, le secrétaire de la colonie et propriétaire de champs de tabac, connu pour avoir épousé Pocahontas, avait à l’époque consigné que ce navire « avait apporté pas moins de vingt et quelques nègres ».
Au Musée d’Histoire d’Hampton, on apprend que ces captifs venaient du royaume de Ndongo, l’actuel Angola. Ils auraient été capturés dans cette région par des Portugais, puis conduits vers le port de Luanda où ils ont appareillés à bord du navire négrier São João Baptista qui transportait environ 350 esclaves. En route vers Vera Cruz (dans l’actuel Mexique), le navire a été intercepté par le White Lion. Ce bateau corsaire anglais lui a volé une partie de sa cargaison, dont quelques dizaines d’Africains, parmi ceux qui n’étaient pas morts au cours de cette terrible traversée, dans le but de les vendre contre de la nourriture et du matériel.Ces personnes furent les premières d’une longue liste de nouveaux esclaves car les premiers furent bien sur les Indiens, surtout dans les colonies espagnoles et portugaises. Les conquistadors espagnols avaient aussi importé des esclaves africains dès 1502 en Hispaniola (île des Caraïbes, anciennement Saint-Domingue). Plus au nord, sur le territoire actuel des États-Unis, des captifs faisaient aussi partie d’une expédition espagnole en 1526 dans ce qui deviendra la Caroline du Sud.
Michael Leon Thomas, professeur issu de la communauté afro-américaine, pense que la date du 25 août « nous aide à établir comment l’histoire de l’esclavage est reconnue aux États-Unis. » Il ne se souvient pas d’avoir entendu beaucoup parler de 1619 au cours de son enfance ou de sa scolarité. Mais, il insiste : « quand nous pensons à cette période, nous avons l’image de gens misérables, parqués dans des bateaux, qui étaient déshumanisés et sans culture. Mais ces gens qui ont été transportés depuis l’Afrique et les Caraïbes avaient des vies avant de travailler comme esclave dans les plantations. Ils ont aussi apporté leur savoir-faire et leur connaissance qui en ont fait des fermiers de valeur. »
Il explique que la montée des tensions communautaires renforcent aujourd’hui l’attrait pour cette période de l’histoire. « Je connais de nombreux Afro-Américains qui retournent cette année en Afrique pour commémorer cette date et cultiver leur lien avec ce continent. Je ne peux pas dire si ce phénomène est en pleine expansion, mais je pense que oui, étant donné l’état actuel des choses aux États-Unis. Quand les signes visibles de racisme et de violences augmentent, les gens puisent de l’énergie dans le passé pour s’élever et se battre ».
Fin août, de nombreux événements sont prévus en Virginie pour marquer cette date : des cérémonies, des colloques, des concerts, un lâcher de papillons et même un appel à sonner les cloches à travers tous les États-Unis…
Quelques villes françaises pourraient bien en faire autant !
Sources : Stéphanie Trouillard sur www.france24.com – France Inter
En savoir plus :
http://www.rfi.fr/emission/20190824-ces-memoires-on-fouille-donnent-armes-affronter-avenir
https://www.lecho.be/economie-politique/international/usa/il-y-a-400-ans-debutait-l-esclavage-aux-etats-unis/10155728.html
https://www.cath.ch/newsf/les-eglises-commemorent-les-400-ans-de-lesclavage-aux-etats-unis/