Au gui, l’an neuf !

Si le houx est relatif à Noël, le gui est une plante porte-bonheur du Nouvel An et il est encore fréquent de voir accrochées une ou plusieurs branches, voire une boule, de gui dans les maisons à l’occasion du nouvel an. On espère alors, qu’en s’embrassant dessous, le bonheur nous inondera…
Et pourquoi donc ?
D’origine celtique cette tradition a été véhiculée chez nous par les Gaulois pour lesquels le gui était une plante sacrée. Son nom signifierait « celui qui guérit tout ».
Nos ancêtres attribuaient donc au gui des vertus médicinales. D’immortalité sans doute aussi parce que ses feuilles restent vertes, même en plein cœur de l’hiver.
Au solstice d’hiver, les druides cueillaient le gui à l’aide d’une serpe d’or en disant en langue celte « O Ghel an Heu » c’est-à-dire « Que le blé germe ». Ils l’offraient ensuite aux villageois qui l’accrochaient dans leurs maisons en guise de porte-bonheur. Cette cérémonie devait rendre les récoltes plus abondantes et les femmes plus fécondes… En plus, il éloignait le mauvais sort !
La tradition a perduré, même après l’arrivée du christianisme. Au 4e siècle, les chrétiens tentèrent de l’éradiquer. La vénération du gui fut décrétée païenne. Lorsque la fête de Noël remplaça la fête païenne du «Sol Invistis» (fête de Mithra, le dieu du soleil), le houx pris la place du gui. Et la parole des druides se déforma pour devenir au Moyen Âge « Au gui l’an neuf ». On raconte que des ennemis se croisant dans les bois, sous une boule de gui, devaient observer une trêve d’une journée avant de reprendre les combats. Sans doute, la coutume de suspendre une boule de gui au plafond pour le jour de l’an et de s’embrasser dessous en signe d’amitié vient-elle de là.
On installait aussi des boules de gui à la porte de la maison pour éloigner les mauvais sorts.
Lors de la conquête de l’Ouest, les colons, irlandais surtout, l’ont emmenée jusqu’en Amérique.
Même si sa signification païenne a été oubliée depuis belle lurette, la coutume d’échanger un baiser sous un rameau de gui perdure encore dans de nombreux pays. Au début du XX° siècle, un baiser échangé par un couple d’amoureux sous le gui était interprété comme une promesse de mariage, tout en se voulant un présage de bonheur et de longue vie…
Un peu de botanique :
gui ou Viscum Album
arbrisseau parasite de la famille des Loranthacées ou des Viscacées selon les classifications
déposé principalement par la grive draine (Turdus viscivorus) et la Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) qui frottent leur bec, chargés de graines, sur les rameaux
émet des petites racines nommées suçoirs qui pénètrent dans l’écorce et se répandent dans l’épiderme et les vaisseaux du bois
se nourrit ainsi de la sève, de l’eau et des minéraux de son support et l’épuise
était utilisé autrefois en herboristerie pour soigner l’épilepsie, les problèmes nerveux ou même la coqueluche. toxique à forte dose, fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques pour démontrer ses bienfaits sur le système immunitaire et contre l’hypertension.
Selon les supports, il propose 3 sous-espèces :
– le Gui des feuillus (Viscum album album) : pommiers, peupliers principalement. Parfois aubépines, sorbiers, tilleuls. Rarement saules, amandiers, érables et robiniers. Exceptionnel ormes et chênes. Jamais sur hêtre
– le Gui du sapin (Viscum album abietis) : Sapin blanc (Abies alba) et autres espèces de sapins introduites
– Le Gui du pin (Viscum album pini) : différentes espèces de pin, quelquefois l’Epicéa commun
Un peu d’observation :
Répandu dans une grande partie de l’Europe, en France, il est rare en Bretagne, dans le sud et en montagne au-dessus de 1500 m. La plante préfère certaines espèces d’arbres et semble aussi « choisir » certains peuplements d’arbres plutôt que d’autres au sein d’une même zone géographique. Dans une même population, il n’est pas rare que quelques arbres soient beaucoup plus « habités » que d’autres.
Les feuilles du gui vivent environ une année et demie. Il fleurit à partir de février et ses fruits, les fameuses baies blanches, apparaissent à l’automne. Attention, ses baies sont toxiques pour l’homme.
Autrefois, on faisait de la colle avec la substance gluante qui constitue les baies.

Aujourd’hui :
Il faut le récolter avant Noël, s’embrasser dessous et le brûler la nuit du 6 janvier !

Pour en avoir plus :
https://www.multicollection.fr/Le-gui-une-plante-porte-bonheur
https://www.promessedefleurs.com/conseil-plantes-jardin/blog/le-gui-jolie-plante-parasite-qui-porte-bonheur
https://mon-grand-est.fr/tradition-du-gui-de-lan-neuf/
https://actu.fr/lifestyle/le-gui-entre-histoire-traditions_20436253.html

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