Les mines du Luberon

ne sont ni de sel, ni de charbon mais d’ocre.
A ciel ouvert comme les carrières de Roussillon et Rustrel ou souterraines comme à Gargas.
Ces sables ocreux ont été de tout temps utilisés pour les peintures mais leur utilisation principale sera la fabrication du caoutchouc.

Les carrières à ciel ouvert ne sont plus exploitées. En plein massif forestier, ces milieux naturels très peu artificialisés que sont Roussillon et Rustrel, sont ouverts à la déambulation touristique. Contrastes saisissants, du jaune le plus lumineux au rouge le plus profond, en passant par le blanc, façonnés par des générations d’ocriers et de mineurs de fer. On y rencontre parfois des vestiges de ce passé industriel : tuyaux, rails, bassins, pompes.


Les carrières souterraines de Bruoux à Gargas, proposent un autre monde : clos, rectiligne, sans végétation, froid (température de 10 degrés). Vestiges monumentaux des années de gloire de l’industrie ocrière, on entre dans un dédale de galeries de plus de 40 km de long et de 15 m de haut. Les ocriers ont creusé à la lueur de la lampe à carbure et à la pioche les profondes galeries. Un bon mineur avançait d’un mètre quotidiennement et changeait 7 fois de pioche par jour, souvent affutées et apportées par des enfants. Pour construire les arches, les mineurs travaillaient par paire, un droitier+un gaucher, de façon à obtenir une arche bien symétrique. Le mineur gaucher, plus rare était payé plus cher que le droitier… Au début de l’exploitation, l’ocre était extraite de la mine par des mulets qui ont été ensuite remplacés par des wagonnets.

Dans ce Lubéron, « terre d’ocre » depuis des siècles, une seule entreprise exploite et transforme encore le sable ocreux en ocre pure dans son usine d’Apt : la Société des Ocres de France, créée en 1901. Ce, grâce à sa carrière de Gargas, dernière en activité en Europe. On y fabrique de tout : une centaine de pigments, des badigeons à la chaux, des enduits à la chaux, des plâtres colorés, des produits de beauté… C’est sur 1 hectare que tout se passe. La pelle mécanique a remplacé la pioche. En septembre, on extrait. Au printemps, on «lave» le minerai ocreux qui va ensuite décanter dans des bassins et sécher en mottes. Puis, la calcination permettra de contrôler les couleurs avant le broyage et le conditionnement. La production annuelle de l’usine se situe autour de 1 000 tonnes et l’exportation représente environ 60% de la production.

D’où viennent ces ocres ?
Il y a 230 millions d’années, la Provence est recouverte par la mer. Les sédiments s’accumulent au fond des eaux et forment les calcaires blancs qui deviendront le Mont Ventoux, le Massif du Luberon, la Sainte Victoire, les Calanques …
Vers – 110 millions d’années, la mer s’approfondit. Les argiles grises recouvrent les calcaires ; on nomme aujourd’hui cette étage géologique «l’aptien» et le sous-étage qui lui est apparenté «le gargasien». Le bassin étant comblé, des sables de couleur verte due à la présence de glauconie (minéral vert comportant des atomes de fer), vont se déposer au-dessus des argiles.
Un nouveau bouleversement se produit vers 100 millions d’années : la Provence émerge sous un climat tropical. Les pluies diluviennes altèrent les sables verts émergés ; les eaux qui circulent en profondeur dissolvent les composants prisonniers du sable. La glauconie libère le fer, laissant apparaître la goethite. Le lessivage des oxydes de fer se poursuit, formant les couches de kaolinite blanche.
Qu’en fait-on ?
Pendant la préhistoire, l’ocre était principalement utilisée à des fins rituelles : elles sont à la base même de chef-d’œuvres rupestres.
Pendant l’Antiquité, elle est exploitée à des fins d’usages locaux, surtout par les Romains.
Redécouverts à la Révolution, ils gardent leur lettres de noblesse dans la peinture, la décoration, la poterie et le bâtiment.
C’est à Roussillon que l’exploitation de l’ocre s’intensifie, et qu’elle prend une ampleur industrielle au 18ème s, avec Jean-Etienne Astier, roussillonnais à l’origine de l’exploitation et du commerce international et la multiplication des véhicules à moteur (automobiles, autobus, métropolitain, tracteurs). Il est le premier à avoir l’idée de séparer l’ocre du sable. Il extrait le pigment des falaises, le lave dans un pétrin de boulanger avec de l’eau qu’il va chercher assez loin, dans des tonneaux montés sur des roues. Ensuite, il le sèche, et le broie au moyen de rouleaux de pierre, et plus tard dans le moulin à huile communal. Enfin, il le transporte à dos de mulet jusqu’à Marseille, dans des couffins à morue, par la Combe de Lourmarin puis Rognes. De Marseille, l’ocre est exportée dans le monde entier.
A partir de 1875, le minerai devient de plus en plus rare et cher. Il faut passer à l’extraction souterraine par puits et galeries. Les coûts d’exploitation augmentent.
A Gargas, en 1928, on produit encore 40 000 t d’ocre grâce au travail d’environ 150 mineurs. Mais, le XX° s, verra le déclin de l’ocre,  provoqué à la fin des années 40 par l’arrivée sur le marché de produits nouveaux. D’une part, les produits dérivés du pétrole qui remplacent l’ocre dans la fabrication du caoutchouc. De l’autre, les pigments de synthèse.  Résultat : désintérêt pour les pigments naturels jusqu’en 1974, quand Gilbert Guigou trouve à l’ocre de nouveaux débouchés et relance la Société des Ocres.

Il reste aujourd’hui de magnifiques découvertes pour les touristes curieux.

Sources :
https://www.minesdebruoux.fr
https://www.luberon-apt.fr
https://www.luberon-apt.fr/ocres-en-luberon-0/le-colorado-provencal
https://www.luberon-apt.fr/ocres-en-luberon-0/le-sentier-des-ocres
https://luberon.fr/luberon/culture/ocres
http://www.bouts-du-monde.com/1eu/htm/france/paca/roussillon.htm
https://www.luberon-apt.fr/massif-des-ocres/histoire-et-geologie-du-massif-ocrier

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