C’était la première fois depuis mai 1968 que la jeunesse descendait massivement dans la rue, manifester contre l’entrée en vigueur de la loi de réforme sur le service militaire promue par Michel Debré, alors ministre de la Défense Nationale. Adoptée par l’Assemblée Nationale le 10 juillet 1970 et promulguée le 10 juin 1971, elle prévoyait de ramener la durée du service à un an et l’abrogation des sursis pour études au-delà de 21 ans.
Dans le même temps, on assistait à la naissance d’un journal : Libération. Fondé par Jean-Paul Sartre, Serge July et Maurice Clavel. Un manifeste, rendu public plus tôt, le 3 février, constituait la charte politique du journal dont la doctrine devait être « Peuple, prends la parole et garde-la ». Le quotidien se veut sans publicité ni actionnaires financiers.
Un premier numéro de quatre pages paraît le 5 février 1973.
Un autre quatre pages paraît le 18 avril 1973, lançant une souscription pour le financement «d’un organe quotidien entièrement libre». Cette date est retenue comme date de création.Le 22 mai, Libération sort pour la première fois régulièrement en kiosque au prix de 0,80 franc.
Libération encourage à cette époque tous les combats des opprimés. Quand les travailleurs de Lip (les montres), menacés de licenciement, occupent leurs usines, Libération titre en première page « Travailleurs, vous pouvez faire de même ».
De 1973 à 1981, Libération est dirigé par ses salariés ; il y a un salaire unique pour tous et toutes les décisions importantes sont prises par l’assemblée générale des salariés, à la majorité des voix.
Le 12 mai 1981, le numéro zéro d’un «Libé» inédit célèbre la victoire de François Mitterrand. Le journal qui jusqu’ici ne s’affichait qu’en lettres sur la une se voit doté d’un logo. Un «losange rouge» imaginé par le graphiste Claude Maggiori.
Mais c’est en février 1982 que le journal connaît son plus grand bouleversement : des petites annonces payantes et des publicités s’immiscent dans les filets du quotidien. Avec également deux pages consacrées à la bourse et l’arrivée d’actionnaires dirigeants. Le nouveau Libération s’émancipe de l’anti-capitaliste qu’était Sartre.
En février 1996, les salariés votent le plan de recapitalisation du journal, et le groupe Chargeurs devient l’actionnaire principal en apportant 60 millions de francs dans les caisses. C’est un véritable changement culturel pour les employés qui étaient jusqu’alors propriétaires du quotidien.
Pour en savoir plus :
https://www.liberation.fr/timeline-50ans/
https://www.liberation.fr/checknews/2018/03/07/pourquoi-liberation-s-appelle-liberation_1652435/
https://www.liberation.fr/checknews/2018/03/09/pourquoi-le-logo-de-libe-est-un-losange-rouge_1653318/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Debr%C3%A9_de_1973
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ration_(journal)
https://www.la-croix.com/Culture/Liberation-fete-50-ans-dix-dates-marque-lhistoire-journal-2023-04-18-1201263886
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/liberation-journal-serge-july-jean-paul-sartre-gauche-presse