Tricher n’est pas JO

Tricher, oui mais le plus discrètement possible… Est-ce possible ?
Les histoires qui suivent prouvent que non, mais celles qu’on ignore prouvent le contraire, non ?
Les premières tricheries remontent aux premières olympiades… Sans parler des dopages.

… Quand en -416 av. J.-C. alors que l’édition des Jeux d’Olympie s’achève, dans un contexte de tensions entre Athènes et Sparte, un jeune et ambitieux général athénien remporte les trois premiers prix de l’épreuve reine des Jeux antiques : la course de chars, en conduisant sept attelages. A peine récolte-t-il les lauriers, qu’on le soupçonne de tricherie. Vrai, ou faux ? Difficile à dire. Le bel Alcibiade, riche et surdoué, ne manque pas d’ennemis, à l’affût de tout scandale qui le discréditerait. Il est dévoré d’ambition et a beaucoup à gagner avec cette victoire sans précédent qui accentue son poids politique…

 

Un peu plus tard, en l’an 67 de notre ère, l’empereur romain Néron, homme tyrannique, qui a probablement fait assassiner ses proches, tue tous ceux qu’il juge dangereux… Aussi, quand il demande que les Jeux se tiennent avec un an d’avance, personne ne s’y oppose. Quand il impose un concours de chant et de poésie (ses spécialités), personne n’y trouve rien à redire. Il gagne allègrement, car seul en lice. Néron fait également ajouter une course de chars à dix chevaux. Devinez qui la remporta malgré sa chute ?

Le 22 juillet dernier, JO 2024 donc, alors que l’équipe de football féminin de la Nouvelle-Zélande s’entrainait à Saint-Étienne, les sportives ont eu la surprise de voir leur mise en place être survolée par un drone. Après un signalement auprès de la police, le pilote a été interpellé et son identité, révélée : l’homme serait un membre de l’équipe féminine canadienne qui doit les affronter pour leur premier match… L’équipe canadienne a été sanctionnée de 6 points de retrait par le Tribunal arbitral du sport.

En 1904, aux Jeux de Saint-Louis (États-Unis), troisième olympiade de l’ère moderne, les conditions météorologiques pour les épreuves d’athlétisme sont rudes : 32 degrés à l’ombre, humidité à taux records. Difficile de trouver la force nécessaire pour les 32 coureurs sur la ligne de départ du marathon. Frederick Lorz, athlète de la délégation américaine, dispute ses premiers Jeux olympiques. Il est déjà nommé favori. Après 15 km de course en maintenant sa deuxième place, le marathonien est à bout de forces, des crampes le paralysent. Alors, il saute dans la voiture d’un supporter qui le dépose à moins de 10 km de l’arrivée. Il reprend ses foulées et termine premier. Mais avant de monter sur la première marche du podium, son concurrent, l’athlète Thomas Hicks s’insurge. Il assure n’avoir jamais été doublé pendant sa course. La triche est découverte, adieu le trophée, il quitte le stade sous les huées.

Parfois les techniques de triche impliquent des complices. C’est le cas des sœurs De Jésus, portoricaines, lors des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. Madeline De Jesus, sprinteuse, était qualifiée pour deux épreuves d’athlétisme : le saut en longueur et le relai 4×400 mètres. En commençant sa course vers l’or avec le saut en longueur, l’athlète n’a pas vraiment brillé : pas de place sur le podium et une blessure à la cuisse qui compromet sa participation au relais, quelques jours plus tard.
Pour ne pas décevoir son pays, la sprinteuse propose à sa sœur jumelle, Margaret De Jesus (elle est aussi sportive de haut niveau) de courir à sa place pour éviter le forfait de l’équipe. Passée des tribunes à la piste, la jumelle offre à son équipe d’un jour, une place en finale. Les spectateurs n’y ont vu que du feu. Mais un journaliste portoricain a fini par découvrir la supercherie. Le grain de beauté d’une des jumelles les a trahis. L’équipe a été évincée de la finale.

Même les Jeux paralympiques ont leurs tricheurs… L’équipe espagnole de basket « handicap mental », sélectionnée pour les paralympiques de Sydney en 2000, n’a pas semblé gênée de présenter des athlètes qui n’étaient absolument pas handicapés. C’est sans aucun scrupule qu’elle s’est hissée en finale et a ensuite battu la Russie, 87 à 63 !
Sacré champion et vénéré, l’un des basketteurs, Carlos Ribagorda, a pourtant décidé de rendre sa médaille, quelques jours plus tard. Il était journaliste, infiltré dans l’équipe pour lever le voile sur cet énorme scandale. Il a révélé que 10 des 12 joueurs de l’équipe n’avaient aucune déficience mentale. Le Comité International Olympique a proscrit pendant 10 ans les joueurs atteints de déficiences mentales, avant d’établir des critères clairs sur ce handicap.

La médaille d’or de la tricherie la plus sophistiquée revient à l’ukrainien Boris Onishchenko. Avec plusieurs autres récompenses olympiques à son actif, le jeune pentathlonien arrive aux Jeux de Montréal de 1976 en ayant mis toutes les chances de son côté, notamment pour l’escrime…
Ce sport d’épée se gagne en touchant l’adversaire sur certaines parties du corps. À chaque contact, la table de marque s’allume et on distribue le point. Étonnamment, le jour de la finale entre Onishchenko et un escrimeur britannique, son adversaire ne sent aucune des attaques sur son corps. Et pour cause : l’épée de l’ukrainien était truquée avec un interrupteur, relié à la table de marque, qu’il activait à sa guise. L’homme a perdu sa réputation de star de l’escrime en trichant…

A Londres, en 2012, huit joueuses de badminton ont été exclues de la compétition pour avoir fait exprès de perdre afin d’affronter par la suite des adversaires moins redoutables.

https://www.20minutes.fr/sport/jo_2024/4099870-20240721-jo-paris-2024-plus-belles-histoires-tricherie-jeux-article-garanti-dopage
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2024-08-01/epee-truquee-faux-handicap-soeur-jumelle-voici-les-cas-les-plus-fous-de-triche-aux-jeux-olympiques-df31fe59-0691-4206-8359-a0aa54dab1e0
https://www.sudouest.fr/archives/jo-paris-2024-quel-est-le-plus-grand-tricheur-de-l-histoire-des-jeux-20612292.php?csnt=191641d47e4
https://www.lefigaro.fr/les-jo-dans-le-retro-tricher-n-est-pas-jouer-20240802

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