Petits commerces et internet

On l’entend tous les jours en ce moment « il faut défendre le petit commerce de proximité »
Une des solutions envisagée par certains commerçants est de passer à la prise de commande sur internet, mettre en place le fameux « click and collect » (cliquer et aller chercher), voire s’impliquer davantage dans la mise en place d’internet pour leur travail. (***)

Or beaucoup de nos commerces n’ont pas forcément la fibre internet : ils cultivent davantage le service et la relation humaine avec leurs clients, ce qui se comprend tout à fait, et ce que nous, les clients, nous apprécions.

Pour aider des commerces en difficultés à cause des confinements, les solutions offertes ces derniers temps sur le web se sont multipliées, quelquefois aidées par des régions, des villes, des communes. Mettre en commun des facilités techniques et des ressources semble être une des solutions possibles quand on a le soutien réel d’une collectivité.

C’est rarement le cas, peu de Mairies ou d’Associations de commerçants ont proposé cette aide. Souvent, chaque commerçant est resté dans sa sphère et a essayé, avec des solutions simples de garder les contacts des clients, et pouvoir prendre leurs commandes.

Pour prendre une commande à distance, la solution la plus simple est bien entendu la commande par téléphone. Encore faut-il que le client sache ce qu’il peut commander, et là, il faut quelque part une présentation. Plusieurs commerçants de Moutiers ont choisi de faire ça par le relais de FaceBook (restaurants par exemple)

Vers les années 2010, après une période intense de créations de sites internet, et après quelques déconvenues dues à des vendeurs peu scrupuleux, qui offraient (très cher) des services en dessous du minimum vital, ou même qui disparaissaient brutalement sans laisser d’adresse, la mode du « chacun son site internet » a un peu passé.
Certains ont reculé devant le temps à y consacrer, ou simplement le fait qu’il fallait payer à chaque mise à jour. Ils se sont dit « c’est trop compliqué », « ce n’est pas pour moi » et ils ont abandonné leur site internet pour se replier vers une utilisation des réseaux sociaux, et en particulier de FaceBook, plus facile à utiliser et gratuit (?) (mais pas forcément adapté à une présentation de type catalogue)

Ces derniers temps, on a vu fleurir de nouvelles initiatives pour aider à franchir le pas vers le numérique :

Par exemple « https://www.payfacile.com/ » propose de prendre le relais pour faciliter les paiements en ligne, jamais simples à mettre en œuvre, mais seulement pour ceux qui ont déjà un site web de présentation, sans vente à distance.

« https://soutien-commercants-artisans.fr/ » propose de servir de relais pour acheter des bons d’achat, utilisables dès la reprise de l’activité. 9 commerces à La roche sur Yon se sont inscrits pour participer à ce projet.Cette formule, avec un pari sur le déconfinement rencontre assez peu de succès apparemment.

« https://www.monpetit-ecommerce.fr/ » essaie de créer une base de données nationale de commerces qui proposent des services en ligne, et facilite la recherche d’un client pour trouver les produits qu’il cherche en donnant des adresses et des descriptifs, avec évidemment, le fait qu’une base nationale ne représente pas toujours le commerce local d’une petite agglomération. « J’ai bien trouvé la belle lampe de chevet que je souhaitais, mais je dois aller la chercher à 180 km …. »

Alors, pour un commerçant, faut-il obligatoirement passer à une solution numérique pour que son commerce survive ?

En dehors des commerces essentiels qui restent ouverts pour s’alimenter, les obstacles sont nombreux pour les autres commerces qui voudraient faire d’internet une vraie plate-forme de vente en ligne : vêtements, électroménager par exemple.

 

Il ne faut pas oublier non plus que des millions de Français n’utilisent pas, ou très peu internet : ils n’ont pas d’ordinateur, pas de smartphone, pas de tablette, ils n’ont pas de connexion, ou bien elle si mauvaise qu’ils renoncent à l’utiliser, ils ont des difficultés à lire sur un écran, ils ne savent pas trouver l’information parmi toutes celles qui clignotent sous leurs yeux.

Ce sont les « illectronistes », les exclus de la modernité, et ils en souffrent terriblement puisqu’ils n’ont pas le choix : internet a envahi tous les secteurs essentiels, à commencer par les impôts, cette participation citoyenne de base ! (participation citoyenne à laquelle essaient d’échapper au maximum ceux qui, justement profitent de la manne financière d’internet)

 

Le progrès « pour notre bien » n’est pas partagé équitablement.

Internet ? Oui mais, l’action solidaire compte aussi.
Soutenir la petite épicerie à côté de chez soi devient une nécessité morale.
Si on veut la retrouver un jour ouverte cette petite épicerie, cette petite boutique, eh bien , il faut aussi se bouger, faire ce qu’il faut.

Alors si on sait se servir d’internet, servons nous en, mais pas pour aller chercher à l’autre bout du réseau ce qu’on peut trouver pas loin de chez soi, là tout à côté … avant le dépôt de bilan !

(***) Remarques : certains commerces, devant le risque d’un chiffre d’affaires trop bas, ont choisi la solution de rester fermés, en comptant sur les aides promises par le gouvernement. Pari sur l’avenir …. Risqué ? Certain ? L’avenir le dira, mais certainement pas tout de suite !

Par ailleurs, le choix entre commerces essentiels ou pas est quelquefois difficile à distinguer, sans parler des inégalités de traitements entre une grande surface et un petit commerce : François Ruffin citait l’exemple de son magasin de luminaires qui n’a le droit de vendre que des ampoules alors que le Leroy Merlin à côté continue à avoir ses rayons tous ouverts….

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